JOUR 1 : Paros-Polyaigos-Kimolos
Quoi de plus excitant que de partir à l'aventure sur un catamaran dans les Cyclades?
« Heu y'aura le WIFI? »
Certains l'auront deviné, on des ados dans l'équipe.
« Non, en mer il n'y a pas de WI FI donc pas d'écran mais beaucoup d'autres choses à faire. »
« Nan tu rigoles là papa ? »
« Vous êtes pas sérieux hein maman ??? »
Lentement les trois ados de l'équipe ont fini par comprendre qu'ils allaient vivre quelque chose d'inhabituel, un truc qu'on vous impose et qui est sensé être bon pour vous, un truc que les parents appellent des vacances ensemble.
Notre équipage est composé de trois adolescents, d'un petit gars de 10 ans et de deux adultes dont un skipper. Certains ont déjà fait de la voile, d'autres non. Nous embarquons sur un catamaran Lagoon 420, départ de Paros un mois de juillet.
Vent quasi nul dans le port mais sitôt sortis de la baie de Paroikia on sent l'air. L'ordre du capitaine est immédiat: on lève la grand voile. Deux de nos mousses sont affectés à cette tâche.
Quelques efforts et jurons du capitaine plus tard...
Le cap est mis sur Polyaigos, une île inhabitée des Cyclades caractérisée par des falaises blanches et autrefois repère de pirates de la Mer Egée dit-on. En grec son nom signifie "beaucoup de chèvres".
Nous allons à la voile à petite allure, la mer est clémente. Des conditions idéales pour prendre le temps d'apprendre quelques ficelles du métier (et ne pas penser à son téléphone portable au fond de la cabine).
Nous voici arrivés dans le sublime mouillage de Manolonisi, un paradis caché de la vue du grand large, on comprend pourquoi les pirates prisaient l'endroit.
Nous ne sommes pas seuls, deux autres voiliers se dessinent sur l'eau, on dirait des plumes dit notre plus jeune mousse. Ici on vient chercher la tranquillité. Sauf nos jeunes à bord. A l'intérieur bateau, tohu-bohu général pour trouver les masques et palmes.
Commencent des heures de plaisir à plonger du bateau et explorer les fonds marins.
On en profite pour vous faire un petit tour du catamaran. Ici le salon intérieur avec sa vue panoramique. C'est un salon avec cuisine américaine bien équipée.
Le catamaran a quatre cabines doubles, ce sont des cabines spacieuses, chacune a sa salle de bain privative. Pour le skipper il y une cinquième cabine avec ses propres sanitaires.
Le salon extérieur, idéal pour les repas. Aux heures chaudes on baisse les stores tamisants pour avoir de l'ombre.
A l'avant du bateau un grand espace lounging.
Ici les garçons mollement motivés pour remonter l'ancre.
La pause baignade-déjeuner terminée on reprend notre étape. Navigation paisible et petit moment privilégié entre le papa et son fils.
A l'approche de Kimolos le capitaine demande aux jeunes de préparer les pare-battages qui serviront à protéger le bateau des éventuels tamponnements dans le port. Un petit noeud de cabestan et le tour est joué!
Le ravissant port de Kimolos, nous sommes en plein mois de juillet et pourtant il n'est pas plein de voiliers. Avec ses 37 km² et ses 600 habitants Kimolos est une petite île à l'écart du tourisme de masse, une perle de simplicité cycladique.
Ce n'est qu'en fin d'après-midi, lorsque nous montons à pied au village, que la vie semble ressurgir. Les rayons du soleil sont moins chauds, la lumière plus douce.
Le village de l'île s'appelle Chora (comme bien souvent dans les petites îles grecques).
Nous passons la soirée à flâner dans les ruelles fleuries ponctuées de nombreuses chapelles blanches aux dômes bleus et dînons dans une taverne de la place centrale. L'autre option aurait été de dîner sur la plage au port où nous avons amarré le bateau.
De retour au bateau, tout le monde s'endort comme un seul homme...et sans lumière bleue.
JOUR 2 : Kimolos - Sifnos
Il faudra moins de deux heures pour naviguer jusqu'à l'île de Sifnos, but de notre étape aujourd'hui. Nous allons mouiller à Vathi, un endroit merveilleux pour les voiliers. Son petit port est bordé d'une plage de sable, d'une chapelle, de cafés et de quelques maisons et hôtels.
Les ferries accostant à Kamares plus au nord, Vathi demeure un endroit préservé du tumulte. C'est bien ce calme mais avec quatre jeunes à bord il va quand même falloir songer à les emmener là où ça bouge un peu plus.
Déjeuner pris à bord et vérification faite des horaires de bus qui montent au village d'Apollonia notre petite équipe se met en route en milieu d'après-midi. Apollonia est dédié à Apollon qui comme chacun le sait est le dieu grec des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière, des purifications et de la guérison, qui est aussi conducteur des neuf muses et qui a le pouvoir d'apporter la peste par son arc. Rien que ça.
En route nous visitons une chapelle où l'on peut admirer des îcones orthodoxes.
L'un des jeunes repère une pancarte indiquant un cabinet de docteur à proximité. Ici il faut traverser la mer pour trouver un hôpital.
Balade et soirée dans le village. Le Steno, l'allée commerçante bordée de restaurants, de bars et de boutiques chics est vibrante de vie en été à la nuit tombée comme si toute l'ile s'y donnait rendez-vous. La réputation culinaire de Sifnos n'est pas usurpée, on y savoure des mets traditionnels très élaborés dans une ambiance à la fois décontractée et élégante.
Sifnos est aussi connue pour son vaste réseau de sentiers pédestres.
JOUR 3 : Sifnos - Despotiko
Une mer toujours aussi clémente pour cette nouvelle journée mais avec un vent un peu plus soutenu.
Et c'est tant mieux pour ceux qui veulent goûter aux plaisirs de la voile!
Despotiko est peu mentionné dans les guides touristiques car c'est un îlot assez sauvage aux airs de confin du monde. Il est situé au sud-ouest d'Antiparos et relativement difficile d'accès sauf en voilier bien-sûr. Ses eaux y sont translucides, ses paysages épurés.
Après une après-midi à bord extrêmement paresseuse nous prenons l'annexe motorisée pour nous rendre à terre. Nous sommes le 15 juillet 2018, c'est la finale de la Coupe du Monde de football. Le lieu a beau être isolé il doit bien exister ici quelqu'un qui a un téléviseur. Trouver un écran devient notre but à tous ce qui nous vaut bien-sûr les sarcasmes de la part des ados.
Juste un petit mot aux parents: l'annexe motorisée des bateaux de location est une chose très très amusante et très très tentante alors méfiez-vous quand votre ado vous dit qu'il va faire un petit tour...
Il y a à Despotiko, comme surgie de nul part, une taverne au bord de l'eau et l'on se demande bien d'où viennent les gens qui s'y trouvent et par quel mystère ils sont arrivés là.
Dans cette taverne baignée des rayons du soleil couchant, des poulpes sèchent. Le poulpe grillé est un mezzé courant en Grèce, notre équipage en raffole.
L'écran vert qui apparaît dans la salle nous arrache un cri de joie! Visionner la coupe du monde ici, sur des chaises inconfortables et sur un écran bien trop petit, restera un très bon moment de notre voyage.
La France a gagné et la fête doit retentir dans bien des endroits de l'Hexagone. Mais nous nous avons notre bateau qui nous attend, là, dans le calme immense et magique qu'offre notre dernière escale.
JOUR 4 : Despotiko - Paros
Le lendemain matin nous prenons le chemin du retour vers Paros. Nous pensons avoir vécu tout le bonheur qui puisse être possible lors de cette croisière mais une dernière surprise nous attend...
...la rencontre avec des dauphins.
...des dauphins tout autour du bateau, qui nagent et semblent vouloir nous accompagner. Notre bonheur atteint son paroxysme. Il n'y a pas d'autres bruits que leurs corps se mouvant dans l'eau et le vent dans les voiles. A cet instant une grande joie nous lie et nous unit tous.
Le point final de notre aventure dans les Cyclades lorsque nous débarquons au café Marina du port: un hamburger planté d'un drapeau américain et qui, avec ses chips blondes en guise de chevelure, parodie Monsieur Trump. Retour au monde, à son actualité et au WIFI!
Ce qu'on a aimé
- les balades dans les villages grecs.
- la rencontre avec les dauphins.
- les baignades.
Ce qu'on a moins aimé
- la chaleur à Kimolos quand le vent est tombé en soirée. Les moustiques ont réussi à venir jusqu'au bateau pourtant au mouillage.
- le côté un peu trop 'plastique' du catamaran mais c'est le cas aujourd'hui de beaucoup de choses...
